Le Bouard Avocats
Ce qu'il faut retenir :
Le droit de la franchise, au croisement des intérêts économiques et des relations commerciales, impose au franchiseur une obligation d’information renforcée pour garantir un consentement éclairé du franchisé. Cette obligation, encadrée par l’article L330-3 du Code de commerce, revêt une importance particulière lorsque le consentement du franchisé est vicié par un dol, notamment en cas de dissimulation d’informations essentielles.
Dans cet article, nous analyserons les contours de l’obligation d’information précontractuelle, les conséquences d’un dol du franchiseur, et les recours juridiques à la disposition du franchisé.
L’article L330-3 du Code de commerce impose au franchiseur de transmettre, au moins 20 jours avant la signature du contrat commercial, un document d’information précontractuelle (DIP). Ce document vise à fournir au franchisé des informations sincères et pertinentes lui permettant de s’engager en toute connaissance de cause.
Le contenu du DIP, détaillé par l’article R330-1 du Code de commerce, inclut notamment :
La simple conformité formelle du DIP ne suffit pas toujours à garantir l’exactitude et la complétude des informations transmises. En effet, les tribunaux ont reconnu que le dol peut être retenu à l’encontre d’un franchiseur même lorsque le DIP respecte les exigences légales. Une jurisprudence constante, notamment un arrêt de la Cour de cassation du 26 juin 2024, rappelle que le franchiseur doit actualiser les informations communiquées si des éléments déterminants surviennent avant la signature du contrat.
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Le dol, défini à l’article 1137 du Code civil, correspond à des manœuvres frauduleuses destinées à obtenir le consentement d’une partie en lui dissimulant des informations essentielles. En matière de franchise, le dol peut résulter :
Dans l’affaire commentée, la Cour de cassation a cassé une décision de la cour d’appel de Paris qui avait rejeté la demande d’annulation du contrat pour dol. La cour d’appel avait considéré que le DIP fourni avant la signature était conforme, mais elle n’avait pas pris en compte les modifications survenues entre la transmission du DIP et la conclusion du contrat.
La haute juridiction a rappelé que le franchiseur doit veiller à actualiser les informations si des événements significatifs surviennent dans cet intervalle. Par exemple, le franchisé aurait dû être informé :
Ces éléments, s’ils avaient été connus, auraient pu dissuader le franchisé de s’engager.
En cas de dol, le franchisé peut demander l’annulation du contrat sur le fondement de l’article 1130 du Code civil, qui stipule que le dol est une cause de nullité lorsqu’il vicie le consentement. Pour ce faire, le franchisé doit démontrer :
Dans ce type de contentieux, la charge de la preuve repose sur le franchisé, bien qu’une fois le dol établi, la nullité du contrat puisse être prononcée par le juge.
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Outre l’annulation du contrat, le franchisé peut également solliciter des dommages et intérêts pour le préjudice causé par les manœuvres dolosives. Ce préjudice peut inclure :
Dans l’affaire commentée, le franchisé a obtenu une indemnisation pour les frais de dépose des éléments de marque, en raison de l’inexactitude des informations communiquées avant la signature du contrat.
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Le franchiseur est tenu de fournir des informations sincères et actualisées, conformément à l’article L330-3 du Code de commerce. Toute omission ou manipulation d’informations expose le franchiseur à des sanctions juridiques importantes, qu’il s’agisse de nullité du contrat ou d’indemnisation du franchisé.
En cas de manquement grave, le franchiseur peut être poursuivi pour faute contractuelle et voir sa responsabilité engagée. Les sanctions peuvent inclure :
Dans certains cas extrêmes, une action pénale pour escroquerie peut également être envisagée si les manœuvres frauduleuses sont avérées.
Le droit de la franchise, tout en offrant des opportunités commerciales importantes, impose une grande rigueur aux franchiseurs dans la communication des informations précontractuelles. Le respect de l’article L330-3 du Code de commerce est essentiel pour garantir un consentement éclairé du franchisé et éviter tout litige ultérieur.
Pour les franchisés, il est crucial de vérifier les informations communiquées et de s’entourer d’un avocat en droit commercial à Versailles pour sécuriser leur engagement. En cas de doute ou de contentieux, l’accompagnement juridique permet d’assurer la défense de leurs droits et, le cas échéant, d’obtenir réparation des préjudices subis.